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      Icônes est une série de photographies et de textes célébrant la culture queer dans sa diversité d’expressions. Par le jeu des rencontres et des filiations, j’ai pu proposer à une vingtaine de personnes de venir poser dans mon studio, au sein d’un dispositif à la fois théâtral et pictural. Sur un double socle doré posé sur un sol en béton, chacun.e était invité à se présenter dans la tenue de son choix avec en arrière-plan, un paysage naturel choisi en concertation avec chacun.e.

     Chaque portrait est accompagné d’un texte écrit sous la forme d’une lettre adressée à soi-même.L’écrin doré dans lequel j’ai proposé aux participant.es de venir poser est d’inspiration multiple (icônes byzantines, peinture primitive italienne, statuaire indienne), mais j’ai particulièrement été frappé par « le retable de Pesaro » de Jiovanni Bellini. Cette peinture parvient en effet à concentrer architecture, portrait, et paysage dans une perspective frontale qui rappelle la platitude photographique que j’affectionne. La fenêtre en plein cintre qui encadre chaque personne ouvre sur un paysage typique de Bretagne. Depuis une dizaine d’année je prends des photographies dans les zones naturelles protégés d’Ille et vilaine où j’aime aller me recueillir (l’étang de feins, la forêt de Saut Roland, le bois de Rumignon). Ce sont des paysages intimes, des endroits qui me sont chers. Ce rapport portrait/paysage rappelle ici les portraits de la renaissance, ou des figures idéalisées et souvent immaculées se présentent devant une fenêtre qui dévoile une vue de l’Italie typique.Le sol en béton brut éclairé par deux néons met à nu et éclaire l’installation. Il s’agit du studio que j’ai installé dans un hangar, un endroit terriblement contemporain qui évoque l’environnement d’un centre d’art ou une œuvre minimaliste.

    Mon projet a donc été de placer les sujets dans une perspective temporelle qui croise plusieurs esthétiques, plusieurs périodes de l’histoire de l’art. Ce jeu des codes et des genres me semblait rentrer en résonance avec la diversité des expressions artistiques Queer.Chaque personne a été libre de poser dans la tenue de son choix, d’inventer une « persona », ou de se mettre en scène tel qu’iel se définit. La phrase de Michel Foucault « le corps est la surface gravée des événements » me paraît justement définir la manière dont le corps ou l’apparence physique est un support d’expression extrêmement varié dans la communauté. Ici, le corps fait image d’une manière humoristique, intimiste, exubérante, militante, en somme, le corps (re) devient politique. En devenant iel-même une œuvres d’art inscrite dans l’histoire, chacun.e rappelle que son existence est en soi une création artistique permanente, une création qui s’invente dans des actes d’amour et de rébellion quotidiens.

    J’ai rencontré des personnes créatives et fières, joyeuses et combatives, émouvantes et fortes. J’ai pu expérimenter en acte la Bienveillance et le respect qui me paraissent deux valeurs importantes pour la communauté. Les modèles représenté.es ici ne sont pas seulement des sujets de portraits photographique, iels sont des modèles pour un monde à venir.

Galerie l'Instantanée, festival Glaz 2025, Rennes.

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